La sirène louvoie sur une mer de glace... Entrée en matière...L'homme discourt : « Toi, l'opale de mes rêves, tu caches ton vrai visage et tes jambes t'ont quittée sous l'invisible voile d'un monde de chimères. Sirène, tu es, à présent. Dans l'antre de tes rêves, tu parfais tes mirages, tu parfais tes images.... dans l'antre d'une grotte, tu caches ton visage. Là où l'homme marche, tu ne fais que nager. Pauvre existence ensorcelée ! Tu formes des romans mais ton cœur est sec. Vide d'empre1
La sirène louvoie sur une mer de glace...
Entrée en matière...L'homme discourt :
« Toi, l'opale de mes rêves, tu caches ton vrai visage et tes jambes t'ont quittée sous l'invisible voile d'un monde de chimères.
Sirène, tu es, à présent.
Dans l'antre de tes rêves, tu parfais tes mirages, tu parfais tes images....
dans l'antre d'une grotte, tu caches ton visage.
Là où l'homme marche, tu ne fais que nager. Pauvre existence ensorcelée !
Tu formes des romans mais ton cœur est sec. Vide d'empreintes. Quand les hommes se promènent, ils laissent des traces sur le sable enjôleur dans la caresse du vent et l’étreinte du soleil.
Ah, si seulement tu pouvais marcher !... Tu courrais sans relâche sur ce sol qui t'échappe.
Pauvre créature sans mémoire, solitaire et avide de tendresse. Où est ta descendance et ce parfum de vie qui illusionne toute âme. Entre tes murs liquides, cette prison de verre, tu te fourvoies à nourrir ton courroux. L'amertume glisse de tes yeux comme une potion amère.
Tu hais et délivre un auvent merveilleux et un chant délicieux. Tu chasses tes proies. Tu cries et tes chansons envahissent les plaines liquides comme la funeste annonce d'une destinée tragique.
Combien d'hommes derrière toi crie au malheur du monde. Combien prolifique est ta voix...
Le cœur glacé par tes méfaits, je te regarde bien droit et tes yeux refusent de me voir.
Tes chansons idolâtres ne m'atteignent plus. Je sais le poids de ta solitude et ceci suffit à sentir le fardeau de ton âme. Cette effigie que tu arbores est à l'image de cette tristesse qui enfle ta poitrine .
Que tu es belle ! Que tes yeux simulent amour et désir. Et pourtant tu es l’antithèse de la vie. Tes desseins donnent la mort. Ta voix berce et caresse l'âme du marin et tu l'enferres tel un esclave. Cette domination te porte au nue. Tu prends la vie pour te distraire. Le jeu est cruel, Mais plus mortelle encore est ta trahison...
Celui qui prend la vie pour se distraire est un lion à abattre
Quel visage, quelle métamorphose dévoileras-tu au prochain naufrage. Tes yeux sont beaux mais ton cœur est de glace. Tes cheveux se meuvent comme reptiles vivaces pour amorcer ton piège. L'homme se meurt ; et tu connais la délivrance. Dans ce monde, mais dans l'autre.
O non, tu n'es pas née pour l'amour. Tu n'es qu'un transfuge, un miroir par où l'homme pénètre vers l'autre destinée...
Victime de songes funestes, tu voyages dans un temps infini où les Chimènes ne sont que véhicule vers un univers dont on ne revient pas. ».
Réponse de la sirène...
D'effroi, en entendant ma voix, ses traits s'étirent et son expression s'assombrit. La beauté sculpturale de ce visage devient grave.
_ Qui te dit que mon cœur ne ressent pas la caresse du vent et l'esprit du vivant ? Ne suis-je pour toi que l' effroyable image d'une beauté qui dévaste... A quel cauchemar m'associes-tu ? Il paraît, à tes dires, que ma queue est un leurre ! Et tes jambes, qu'ont-t-elles à m'envier ?!
La jalousie t'étouffe. Je pense. Car tu ne peux ni voler, ni entrer dans le royaume des eaux. Je ne suis qu'une infime créature et cette conscience me porte à deviner que tes membres t'encombrent. Ta pensée est reine dans ton monde mais ce corps que tu habites est lourd, matériel, invalide si tu ne vois pas tout. Quelle majesté dans ta démarche pourrait simuler la beauté naturelle de ma grâce ondulante. Tu rêves à des bottes de géant et tes jambes ne te portent nul part. Tu n'es qu'un être parmi les Êtres.
Et je dirais même plus. Fou, tu es ! Car immortel, en cette terre, tu ne seras jamais....
Tu ne sais sublimer tes idées. Elles se tapissent dans des couloirs obscures, sans lumière et sans gloire ; qu'un infime pouvoir d'autosatisfaction. ».
« Moi, je suis reine...
En ce monde !
Des passions diluviennes
Des désirs impossibles
Des Rêves insurmontables
L'eau m'est témoin
Qu'il n'est nul Espoir
Que je puisse susciter.
Et ce penchant morbide que l'homme m'attribue en partage
Ne cache-t-il point son penchant propre
Pour l'ivresse de la mort ? »